L’engagement de nos entreprises dans l’amélioration de la qualité et la transition digitale est fortement encouragé par notre pays, non seulement pour soutenir les exportations, mais également en raison de son important impact sur l’environnement et la compétitivité industrielle.
Deux grands nouveaux projets sont venus couronner les efforts du Centre technique du textile (Cettex) réalisés en partenariat avec le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie et la GIZ, conférant ainsi une nouvelle dimension aux activités de ce centre. Il s’agit de la construction du nouveau laboratoire de chimie et de la mise en place d’un Open Lab, inaugurés officiellement mardi 28 mai. Cet événement, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale industrielle à l’horizon 2035, marque une étape importante dans l’engagement commun en faveur de l’infrastructure qualité et de l’encouragement à l’innovation et à la transition numérique de l’industrie.
En effet, le nouveau laboratoire de chimie, partie intégrante de l’infrastructure qualité dans notre pays, répond à la demande urgente des entreprises industrielles souhaitant améliorer la qualité de leurs produits et leur niveau de compétitivité en se conformant aux nouvelles normes et aux réglementations internationales. D’autant que la transformation digitale des entreprises s’impose de fait pour garantir davantage de compétitivité de la Tunisie et la modernisation de son tissu industriel (automatisation et digitalisation des chaînes de productions, robotisation, usine connectée, gestion de big data…).
La transition numérique, un défi à relever
Dans son allocution annonçant le lancement de ces deux projets, le directeur général du Cettex, Mohsen El Missaoui, a déclaré que l’engagement des entreprises dans l’amélioration de la qualité et la transition digitale est fortement soutenu et encouragé par notre pays, non seulement dans le but de soutenir l’exportation, mais également en raison de son impact sur l’environnement et la compétitivité industrielle. Il a souligné que la stratégie nationale industrielle à l’horizon 2035, développée par le ministère de l’Industrie, accorde une importance cruciale au développement et à la promotion d’une industrie tunisienne durable et numérique.
Cette stratégie vise à doter la Tunisie d’une industrie compétitive moyennant des ressources humaines qualifiées et de plus en plus investies dans des domaines d’excellence technologique et d’innovation, en vue de produire et d’exporter des biens et des services à forte valeur ajoutée. S’attardant sur les deux projets inaugurés, il explique que le premier projet consiste en la construction du nouveau laboratoire de chimie et l’acquisition d’équipements laboratoires de haute technologie qui permettent d’étendre les prestations du Cettex en matière d’analyse et d’essais conformément aux standards européens et internationaux.
Pour ce qui concerne le second projet, il consiste en la mise en place d’un Open Lab pour la fabrication digitale au Cettex. Cet Open Lab est un espace ouvert et multidisciplinaire permettant d’expérimenter et de développer les technologies de fabrication digitale pertinente dans le domaine du hardware. Il regroupe plusieurs parties prenantes et partenaires. Cet espace est doté de matériels de pointe pour réaliser des activités de conception, de prototypage et de développement de machines et de solutions industrielles innovantes.
Autre bonne nouvelle, le patron du Cettex a annoncé la réception d’une nouvelle machine de découpe automatique utilisée pour la conception et la fabrication de Templates (modèles). Grâce à cet équipement, le Cettex vise à doter le secteur du textile et habillement d’une unité pilote de démonstration et de formation afin de soutenir et accompagner l’industrie de ce secteur au niveau de l’amélioration de la productivité, l’aménagement des postes et la création d’emplois et la préparer à la transition numérique 4.0.
Améliorer la compétitivité
«J’espère de cette initiative l’amélioration de la compétitivité, le passage d’une industrie innovante, connectée, portées sur les innovations technologiques et en phase avec la révolution digitale et numérique», a indiqué la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Mme Fatma Thabet Chiboub, lors de sa déclaration après la cérémonie du lancement des deux projets aux côtés du gouverneur de Ben Arous. Elle a souligné que cette initiative a permis d’enregistrer des résultats encourageants dont, à titre indicatif, la mise en place de deux centres pilotes de compétence en industrie 4.0 à Sousse et à Sfax, la création de trois centres de compétence sectorielle, la formation d’experts et de formateurs nationaux en industrie 4.0, l’accompagnement de plus de 300 industriels pour l’intégration de solution, le développement d’une cinquantaine de solutions en industrie 4.0, ainsi que le lancement de deux masters en industrie 4.0 au cours de l’année universitaire 2023/2024.
Ces résultats confirment la grande portée de ces deux projets qui vont contribuer, comme l’a souligné de son côté le directeur général du Cettex, à l’amélioration de la compétitivité des entreprises industrielles tunisiennes que ce soit à travers le transfert technologique dans le secteur aidant à innover et à être conforme aux normes ou par le biais du transfert de connaissances et d’expertises.
Les barrières réglementaires qui entravent l’essor du secteur
«La balle est aujourd’hui dans notre camp. Il faut saisir cette occasion et exploiter judicieusement ces nouveaux outils de la technologie pour pouvoir avancer et aboutir à une industrie textile prémium», déclare le président de la Fédération tunisienne du textile-habillement (Ftth), Haithem Bouajila à La Presse. «On n’a plus d’excuse après le lancement de ces deux projets. C’est un joyau qui s’ajoute aux acquis de l’industrie textile dans notre pays. On vise aujourd’hui l’excellence et le respect de l’environnement en matière d’industrie textile».
Néanmoins, des problèmes persistent, regrette le président de la Ftth. Il n’a pas manqué de pointer les énormes barrières réglementaires dans notre pays. «Le cadre réglementaire tunisien entrave la création d’entreprises et leur extension. C’est contrariant pour l’investissement, l’emploi et la croissance économique», alerte-t-il.
Certes, on ne peut pas parler de crise dans l’ensemble. Car dans le monde des entreprises, il y a toujours cette succession d’échecs et de réussites. Ce qui compte le plus, c’est la résilience de ce secteur qui demeure très vaste et touche plusieurs filières et segments. Toutefois, la crise persiste au niveau local, en raison de la contrebande et du marché parallèle, sans compter des difficultés engendrées par le changement en cours au niveau du «business model» dans l’industrie du textile-habillement, conclut Haithem Bouajila.